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reportage

Las Vegas est le pire endroit du monde à visiter en solitaire

Comment la capitale du vice a eu raison de ma santé mentale.

Las Vegas est une ville gigantesque mais profondément vide, une sorte d'immense panneau d'affichage situé au beau milieu d'un désert abandonné de Dieu il y a bien longtemps. Lorsque vous voyagez là-bas, vous permettez à une industrie de subsister en tirant profit de l'addiction et du désespoir des individus. Pour les gens qui ne jouent pas (c'est à dire les touristes), Las Vegas est le lieu parfait pour fêter la fin de son célibat ou tout simplement pour décompresser en buvant des vodkas Red Bull à 18 dollars le verre. De manière générale, personne ne s’y rend seul.

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C’est assez logique, car un voyage en solitaire dans la capitale du vice est une expérience particulièrement morose. Comme vous vous en doutez, je me suis quand même mis en tête de le faire – et j’ai bien failli y laisser ma santé mentale.

J'avais prévu d'assister à un salon érotique, ce qui était déjà un très mauvais choix de ma part. Une fois sur place, j'ai pris la mesure de l'ampleur de ma tâche : je devais passer trois jours dans cette ville, toute seule. Je savais que ces journées allaient être interminables. À mon arrivée, une forte odeur de transpiration, d'alcool et de liquide séminal semblait envahir toute la ville.

Alors que je me promenais le long de la rue principale, je me retrouvée aux prises avec une foule de jeunes ivrognes que je n'avais absolument pas envie de croiser. Être seule dans une ville si « festive » me rendait triste mais aussi méprisante envers tous ces alcooliques. J'ai croisé un couple du Midwest qui se disputait – tous deux portaient des cravates assorties sur lesquelles on pouvait lire « mari » et « femme ». J'imagine qu'ils allaient divorcer dans quelques heures.

Un groupe de jeunes femmes en robes incroyablement courtes hurlaient dans la rue tout en se déplaçant avec le plus grand mal, perchées sur leurs talons hauts. J'ai croisé des vendeurs à la sauvette qui ne parlaient pas un mot d'anglais et qui arboraient fièrement des t-shirts « Donneur d'orgasmes ». Tous s'employaient agressivement à faire la promotion d'agences d'escort-girls. Tout autour de moi, des couples s'embrassaient joyeusement. Je me suis mise à boire, ce qui était à peu près la seule chose à faire.

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Malgré toute cette débauche, les enfants étaient omniprésents, trimballés dans leur poussette par des parents exemplaires qui sirotaient tranquillement des daïquiris. Je me souviens d'une époque où les parents qui emmenaient leurs enfants à Vegas étaient considérés comme irresponsables. J'ai réalisé qu'elle était révolue en voyant une petite fille de cinq ans boire un frappuccino sur les coups de minuit.

Sans surprise, il y avait plein de machines à sous différentes, ce qui semblait impliquer que certaines avaient plus de potentiel que d'autres. Évidemment, ce n'était absolument pas le cas. Chacune de mes tentatives de décrocher le jackpot s'est soldée d'un échec complet. Les autres visiteurs jouaient constamment sur la même machine, comme si cela ne les intéressait pas de parier sur une chose qu'ils ne connaissaient pas.  De la même manière, ils faisaient toujours leurs courses dans le même magasin,  fréquentaient le même club de striptease et s'agglutinaient à McDonald's tous les jours.

Un jour, après avoir marché cinq heures sans aucun but, je me suis offert un restaurant. Un buffet, plus précisément. J'ai avalé de la nourriture comme un ogre tout en observant avec envie un couple de personnes âgées qui se restauraient rapidement pour pouvoir retourner parier. Au moins, ils avaient une personne à qui parler.

En moyenne, j'ai prononcé une vingtaine de mots par jour lors de mon séjour à Vegas. Le balcon de ma chambre donnait sur la zone de repos des employés, ce qui me permettait de leur dire « bonjour » et de rompre le silence de ma journée. Les employés s'asseyaient dehors et fumaient. Ils parlaient très peu entre eux.

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Vous vous êtes peut-être déjà dit un jour que vous étiez complètement seul et que vous étiez déprimé. Vous vous souvenez quand Laura vous a quitté ? C'était difficile à vivre. Mais avez-vous déjà vécu ce moment où vous avez dépensé 30 dollars pour pouvoir vous retrouver tout seul à manger du crabe dans votre chambre, simplement pour éviter les conversations de mecs bourrés dans le restaurant de votre hôtel ?

Avez-vous déjà mis 5 dollars dans une machine à sous Sex and the City pour faire une blague dont vous seriez le seul témoin ? Vous êtes vous déjà admiré dans un miroir alors que vous étiez bourré dans une ville étrangère pour finalement regarder la télé et manger des chips aux crevettes ? Si la réponse est non, vous ne connaissez encore rien à la solitude.

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