Screenshot 2019-04-25 at 15

FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

J'ai décroché un rencard avec l'ovni underground Hantrax

« À l'école, les autres pensaient que j'étais bizarre parce que je jouais tout le temps du piano en classe, mais que j'allais aussi à des soirées breakdance dans des squats. »
HB
Antwerp, BE
KF
Antwerp, BE

Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.

Le producteur de musique electro anversois Han Swolfs, alias Hantrax, est un phénomène. Avec sa dégaine mi-punk, mi-gabber, il m'intrigue depuis longtemps. Je l’avais déjà rencontré auparavant, mais avec ce rencard, j'espérais vraiment « mieux le connaître ». C'est donc avec beaucoup d'attentes que j'appelle au Studio Palermo, l'endroit à Anvers où se situe le studio d'Han, mais également le salon du tatoueur archi-booké, Sven Rayen.

Publicité

Quand j'arrive, on dirait bien que le concept de « rencard » ne semble pas avoir complètement pénétré Han. Peut-être est-ce dû au fait qu'il n’est plus un cœur à prendre. D’ailleurs, la personne qui occupe son coeur vient de lui apporter un sandwich, qu'il veut partager avec moi. Quelqu'un a dit ménage à trois ?

Tandis qu'il est parti dans la salle de bains’étaler du gel sur les cheveux « pour la photo », je remarque des crasses, une aiguille et du fil sur le sol du studio. Han aimerait qu'on fabrique une poupée ensemble, l'une de ses fameuses Hantraxdolls. Il n’y a rien de plus intime que de faire de l’art avec un artiste, donc allons-y. Au cours du processus de création, Han et moi avons discuté de son set au festival Horst, de ses psychoses et de Michael Jackson.

hantrax-op-date-met-antwerpen

VICE : Salut Han, je suis contente qu'on ait un rencard. Pourquoi est-ce qu'on va faire des poupées ?
Hantrax: Je voulais qu'on fasse quelque chose d'original ensemble, histoire de briser un peu la glace. C'est quelque chose que j'aime faire pendant mon temps libre. Je me lève assez tôt mais en général, les musiciens ne peuvent pas faire de la musique tout le temps, alors voilà. J'avais l'habitude de coudre des badges sur ma veste, donc j'ai commencé à coudre des poupées. Tu es la première personne à fabriquer une poupée avec moi. Cela dit en août, je vais organiser des ateliers de fabrication de poupées au Musée de la mode de Hasselt.

Publicité

Tu étais nerveux pour ce rendez-vous ?
Oui, j'étais un peu nerveux, surtout parce que mon nouvel album Paroxysm, qui sortira en octobre, est arrivé aujourd'hui. Mais aussi pour ce rencard. On s'est déjà rencontrés, mais quand même. J'espère qu’il n’y aura pas de moments gênants pendant notre conversation. Ah oui, et tant que tu es là, j'aimerais t'inviter au Horst, j’y jouerai.

Avec plaisir ! Quel genre de set comptes-tu y faire ? Parce que tu crées une musique très diverse.
Je vais jouer des choses très différentes de d'habitude. Je suis content qu'ils m’aient demandé de venir jouer, car pour moi c'est assez spécial de donner un concert en pleine journée. Mes concerts sont généralement le soir et sont toujours assez extrêmes. Je joue beaucoup de gabber ces derniers temps, mais pour le Horst je compte faire un set avec un mélange de musique moderniste, ambient - synthétiseurs - et de danse électronique. C’est aussi ce que je joue pendant Headroom, mon émission de radio mensuelle sur The Word Radio.

hantraxdolls-maken-met-hantrax

Y a-t-il d'autres DJ sets pendant le Horst que tu ne veux absolument pas manquer ?
Oui, beaucoup en fait. J'aimerais voir Lawrence Ledoux, Ceephax Acid Crew, Celine Gilain et DTM Funk. Je suis également très curieux de découvrir le nouveau site, car le festival se passera maintenant à Vilvoorde. Je ne vais pas souvent en festival, même si j'ai déjà joué deux fois au Pukkelpop, avec Kiss the Anus, Back Cat et Black Cassette. J'adorais sortir en boîte avant par contre.

Publicité

Tu as déjà sorti quelques projets d'électro underground, mais en 2017, tu as sorti l'EP Gazebo Compositions avec uniquement de la musique au piano.
Oui c'est vrai. En fait, j'ai joué du piano lors de la dernière soirée de l'édition précédente de Horst. J'ai toujours écouté des styles musicaux différents, de la musique classique au jazz, en passant par l’électro et le hip-hop old school. À la fin des années 1990, lorsque Milk Inc. s’appelait encore La Vache, j'étais complètement fasciné par la musique de baraki. Je trouvais ça super chic et j'ai acheté ce genre de singles. Mon grand-père chantait l'opérette aux foires et mon père est lui-même chanteur d'opéra amateur. Avec mon père, on a aussi une émission de radio, Klankmeanders sur Radio Centraal. On y passe de la musique classique du vingtième siècle.

Tu n'as jamais voulu faire autre chose que de la musique ?
Non, la musique c'est ma vie. J'écoutais Chanel X, Nostalgia et Radio Donna (le prédécesseur de MNM, ndlr). À l'âge de sept ans, je jouais du violoncelle, mais j'avais aussi un petit synthétiseur. Je me suis toujours promené avec un lecteur de cassettes, avec lequel j'enregistrais tout. Avec un autre lecteur de cassettes, j'enregistrais les morceaux les uns sur les autres, de façon à ce que ça fasse une chanson. Sans le savoir, je produisais déjà.

Publicité

Comme job de vacances, je travaillais au Mekanik Strip à Anvers - il existe toujours - et j’ai acheté mon premier tourne-disque avec cet argent. J'ai ensuite commencé à faire du piano classique dans un centre artistique puis dans un studio de jazz. Finalement, j'ai dû m'arrêter là parce que j'ai souffert d'une grave psychose.

hantrax-hantraxdoll

Quelle influence cette psychose a-t-elle eu sur ta musique ?
À cause de mon autisme, j'ai toujours eu du mal avec les relations sociales. En secondaire, par exemple, je ne faisais que jouer du piano classique; les autres enfants pensaient que j'étais bizarre. Paradoxalement, je sortais souvent pour faire du breakdance dans des squats. Du coup, j'étais encore plus étrange aux yeux des élèves cools. J'étais au courant des choses cools mais je ne trainais pas avec eux, du coup ils me trouvaient assez arrogant.

Quand j'ai eu cette épisode de psychose au studio de jazz, ça a vraiment été un gros échec pour moi. Je voulais devenir pianiste et mon rêve était brisé. Maintenant, je suis reconnaissant car ça m’a permis de découvrir tous ces autres styles, comme le punk. Je me sentais vraiment bien avec ces figures punk; j’avais la liberté d'être moi-même. Quand j'étais gosse, je trouvais les mohawks super cool.

Tu es plus connu dans la scène underground, est-ce un choix ?
Je n'y pense pas vraiment car je fais la musique que je veux faire, sans compromis. La renommée m’importe peu. Je veux faire de la musique, mais je ne veux pas forcément être connu.

Publicité

Je suis un grand fan de Mariah Carey et de Prince. J'ai déjà vu Michael Jackson en concert d’ailleurs, en Allemagne. J'adore Prince; je l'écoutais souvent sur mon walkman quand je me baladais. Mais voir Michael Jackson jouer en direct a été une expérience fascinante.

Souvent, ce que tu chantes est incomprehensible. Le texte, c'est important, ou c'est juste une forme d'expression ?
J'ai plus d'affinités avec la musique en elle-même, beaucoup moins avec le texte, que je considère aussi comme un son. Mes textes étaient beaucoup trop littéraires, maintenant je pense surtout que c'est l’émotion derrière qui est importante. Sur mon nouvel album, qui sortira dans quelques mois, il y a également une chanson en néerlandais. Ce sera un double EP, qui sera encore très différent dans les styles.

hantrax-muziek

Dernière question : maintenant qu'on se connait un peu mieux. D'où vient le nom Hantrax ?
Stijn (le musicien, ndlr) avait une émission sur Radio Centraal. Il y a joué quelques uns de mes sons. Et c'étaient des « Hans’ tracks »… Du coup : Hantrax !

Merci Han, et on se voit au Horst.

La toute nouvelle édition du Horst aura lieu à Vilvoorde, du 13 au 15 septembre 2019. Vous trouverez toutes les infos et billets sur leur site.