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Winona, je t'aime

Une déclaration d'amour à la féminité selon les années 1990.

L'autre soir, je me faisais chier comme pas permis alors j'ai regardé la version deluxe du DVD de Lost Boys. Sur les disques de bonus, il y avait un grand reportage sur les effets spéciaux utilisés dans le film, dans lequel le maquilleur expliquait qu'il s'était pris la tête pour se servir au minimum des prothèses faciales. Il avait préféré se concentrer sur ces lentilles de contact ultra élaborées qui font des yeux des vampires et qui donnaient aux vampires du film cet air si intrigant. Et ça a marché. J'ai comparé tous les films de vampires que j'ai vus jusqu'à présent et si les monstres assoiffés de sang n'ont pas les yeux brillants, ou pailletés, alors c'est nul. Winona Ryder aurait très bien pu avoir une ligne de lentilles entièrement dédiée à ses mirettes. Elle l'aurait appelée « l'oeil de la FOLLE FURIEUSE ». Ouais. J'aime cette meuf. Elle a le genre de regard noir goudron qu'on ne retrouve que dans les scènes de film où le personnage principal est possédé par les ténèbres et son sombre seigneur, et c'est un putain de compliment. Sérieux, vous l'avez vue dans Black Swan ? J'étais là, « putain Winona ! Qu'est-ce que tu as l'air mystérieuse ! J'ai peur de toi, pour de vrai. »

Je sais que vous pensez que tous les rôles de Winona dans les films sont en fait des appels au secours dissimulés. En effet, au tout début, elle a joué dans Lucas, dans un style « oh putain, je joue du tuba ou je ne sais quelle connerie ». Ensuite, elle a joué dans Beetlejuice genre « bon, maintenant je suis gothique et je vois des fantômes chelou ». Et puis, ça a continué tout au long de sa carrière, jusqu'à son apparition la plus récente, dans Black Swan. Là, elle lève simplement les bras en l'air et dit : « vous n'avez rien compris à mon appel au secours, alors je vais carrément me planter le visage à coup de shlass, devant Natalie Portman. » Vous n'avez pas idée à quel point je l'aime dans tous ces rôles. S'il y avait une fonction sur Meetic pour rechercher uniquement les brunes folles qui appellent au secours, je passerais ma vie dessus.

Le plus fou dans cette histoire, c'est d'avoir attendu aussi longtemps pour écrire un article sur Winona Ryder. Elle est littéralement la raison de mon attirance pour les filles. À l'âge de 14 ans, j'ai rêvé que je l'embrassais et le lendemain matin, je me suis réveillée complètement lesbienne. Je n'exagère même pas. Il y a un « avant » et un « après » Winona Ryder. Avant, je me foutais de la gueule des homos à la télé avec mes parents. Après, je refilais des petits mots à ma meilleure pote en cours de français pour lui expliquer qu'on devrait se pécho, histoire de voir « ce que ça fait ».

Mon amour pour Winona est aujourd'hui à son apogée et il n'a fait que grandir au fil des années – c'est parce qu'elle et moi, on a tellement de choses en commun. Par exemple Winona est juive ; on me prend pour une juive tous les jours. En fait, ça m'est encore arrivé l'autre jour en marchant dans la rue pour aller m'acheter de la pâte à pizza. Un groupe de jeunes juifs traînait par là, leur leader a brandi un bouquet d'herbes étranges à mon attention en disant des choses dans une langue étrangère. J'ai su que c'était une question au ton qu'il a pris. J'en ai déduit qu'il me demandait : « Vous êtes juive ? » Donc j'ai simplement levé la main et répondu : « Non. J'aime juste porter des chapeaux. » Winona et moi partageons aussi de nombreux intérêts communs : on aime avoir l'air flippantes, voler dans les magasins et se faire choper, piquer les prescriptions de médocs des autres aussi souvent que possible, et nous faire tatouer sur le corps les noms des gens qu'on aime bien mais pas beaucoup non plus. En fait, on est un peu la même personne, elle et moi.

Vous vous souvenez des fringues de Winona dans Roxy ? Cette robe rose vif avec les bottes de combat et les lacets roses ? Eh bien j'ai porté exactement la même tenue à la fête de l'école, lors de mon passage de la 4ème à la 3ème. Encore aujourd'hui, je considère cet événement comme un moment clé de ma vie, un signe que mon existence serait destinée à être excitante (mais aussi tout à fait embarrassante et anxiogène !). Mon souvenir préféré de cette journée est l'attente en coulisse, avant d'aller chercher le diplôme bidon sur l'estrade installée pour l'occasion. Là, ma prof d'histoire Donna Conant s'est pointée, m'a attrapée par le bras et a murmuré à mon oreille : « Tu auras une vie fascinante. » Je l'ai regardée comme si son cul venait de rejouer la Marseillaise. Et quelques mois plus tard, elle a clamsé au beau milieu d'un Monoprix. Mais, moi, je suis toujours en vie !!!! Appelez moi Winona ! Venez, on va chourer des trucs dans les boutiques !!