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On s'est (encore) pointé à une soirée de Corey Feldman

L’année dernière, on est passé à la fête d’anniversaire de Corey Feldman. Il avait ensuite traité notre journaliste de « suce-merde ».

À ce stade, vous connaissez peut-être déjà la triste histoire de Corey Feldman. L’année dernière, on est passé à sa fête d’anniversaire pour prendre un tas de photos. Il nous avait ensuite accusés de les avoir trafiquées pour que sa soirée ait l’air horrible, avant de traiter l’auteur de l’article de « suce-merde ». Pendant plusieurs semaines, Corey Feldman a posté de nombreux tweets pour exprimer son mécontentement, puis la situation s’est calmée. Il s’est contenté de retweeter tous les gens qui le complimentaient et tout est redevenu normal… jusqu’à ce qu’on tombe sur la promo de sa soirée de Saint-Valentin — qui, pour une raison obscure, était organisée le 22 février.

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Après cette histoire, on savait pertinemment qu'il serait plus sage de rester à l'écart de tout ça. Mais à l'image des producteurs de Génération perdue 2, nous avons décidé de réitérer l'expérience, même si nous avions toutes les raisons du monde pour arrêter le massacre. Avec finesse, ruse et persévérance (ainsi qu'un ticket d'entrée à 215 euros), nous sommes retournés au manoir de Corey Feldman.

Forcément, Corey n'aurait jamais accepté de revoir un employé de VICE à une de ses « soirées ». J'ai donc emprunté un pseudonyme, précisant que j'étais « un mec de passage venu pour s'éclater ». Plusieurs règles étaient imposés :  les hommes devaient porter un costume, les femmes devaient se ramener en sous-vêtements et les photos étaient formellement interdites. Paré de mon plus beau costume du dimanche, j'ai emmené l'illustrateur Johnny Ryan avec moi.

Puisque 215 euros n'était visiblement pas assez cher, l'assistant de Corey m'a appelé pour me prévenir que l'offre promotionnelle de son site n'était plus valable au moment de notre achat et qu'il fallait payer 150 euros supplémentaires. Bien entendu, on a fermement refusé.

J'étais aussi excité que si j'allais voir la suite d'un de mes films préférés. J'avais hâte de revoir mes personnages préférés de la dernière soirée (des jeunes filles tristes, une borne d'arcade Street Fighter 2, DJ Black Eyed Peas  et des danseuses brésiliennes) dans un scénario encore plus farfelu. Dans le premier film Gremlins – un classique de la filmographie de Feldman –, on voit des monstres semer le chaos dans une petite ville. Plus ambitieuse, la suite Gremlins 2 : La Nouvelle Génération  les met en scène à New York, où ils prennent le contrôle d'un gratte-ciel et organisent un spectacle musical. On y voit notamment une Gremlin à gros seins, mais Corey Feldman est complètement absent du film – ce qui résume parfaitement sa fête de Saint-Valentin.

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Nous sommes arrivés à 21 heures, dans l'espoir de choper quelques boissons gratuites et de passer un peu de temps avec Corey. Un type très sympathique qui bossait à l'entrée du manoir nous a expliqué qu'il avait encore des préparatifs à terminer et qu'on pourrait rentrer dans 45 minutes.

Une heure plus tard, on a finalement pu rentrer. Même si la soirée a commencé plus tardivement, la moitié des invités était déjà présente – en effet, nous étions quatre au total.

Les organisateurs de la soirée et les gardiens de sécurité (qui étaient plus nombreux que les invités) nous ont expliqué que seule la salle de jeu étaient ouverte. Plus tard, on a découvert qu'ils étaient un peu laxistes sur l'emploi du terme « salle de jeu ». Il y avait un jeu de fléchettes, mais la pièce était bien trop petite pour qu'on puisse jouer. La borne d'arcade Street Fighter 2 était débranchée, et la table de billard était encombrée de serviettes Monster Energy Drink et d'assiettes en plastique.

Les deux autres invités étaient des jeunes filles, visiblement trop occupées à envoyer des textos pour nous parler. J'ai pu me rabattre sur quelques boissons tièdes, mais le barman m'a prévenu qu'il ne restait plus que six bières dans le frigo. Sur le coup, je me suis demandé comment on pouvait être aussi nul en organisation de soirée, avant de me rendre compte que les organisateurs avaient très bien anticipé le manque de convives.

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Je suis retourné à l'extérieur pour savourer ma bière en paix. Le logo des Corey's Angels était projeté sur la facade du manoir. Le jardin était rempli de petites cabanes (disponibles pour la modique somme de 1700 euros) tristement vides. Dans chaque cabane, on pouvait trouver des bonbons et des sifflets en forme de pénis. En fait, quasiment toute la décoration tournait autour du sexe masculin. Il y avait même une piñata en forme de pénis près de la piscine.

Deux agents de sécurité ont installé des chaises dans l'allée. Quand je leur ai demandé à quoi elles servaient, ils m'ont répondu que c'était pour « la piste de danse ». Peut-être que je ne sors pas assez, mais c'était bien la première fois que je voyais des chaises en plastique faire partie intégrante d'une piste de danse. En règle général, les chaises sont faites pour s'asseoir et les pistes de danse pour danser. Ces deux activités sont fondamentalement opposées, à moins qu'il ne s'agisse d'une lapdance.

Notre hôte, probablement conscient de l'absence d'invités, est resté séquestré dans sa chambre à l'étage. De temps en temps, il se rendait à la fenêtre qui donnait sur la piste de danse pour observer ce vide intersidéral, avant de retourner s'amuser avec ses Anges. Je n'ai pas pu voir ce qu'il faisait avec elles, mais il vaut mieux laisser certaines choses à l'imagination.

Trois asiatiques – deux femmes et un homme – sont arrivés aux alentours de 23h30 (doublant ainsi le nombre d'invités), mais aucun d'entre eux n'avait respecté le code vestimentaire. Le type ne portait pas de costume, et les deux femmes qui l'accompagnaient avaient eu l'audace de se ramener avec des vêtements.

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Un autre groupe est arrivé. Parmi eux se trouvait un chauve, dont la plus grande fierté était de « bosser à Beverly Hills », un vieux pote de Corey. « En général, il vient se joinde à la fête à 23h30 » m'a-t-il expliqué. Après quelques minutes de conversation portant sur sa future ligne de vêtements et le football, on pouvait compter entre 10 et 15 invités.

Finalement, Corey est descendu entouré de ses précieux Anges, vêtu comme un Beetlejuice rockabilly. Il avait un costume rayé, des cheveux gominés et des lunettes de soleil qui lui donnaient un petit air de Bono. Une alarme a retenti dans toute la maison, et on nous a enfin ouvert les portes du salon.

J'ai vu Corey donner quelques ordres à un de ses Anges, parée de sous-vêtements rouges. Elle est venu nous dire qu'elle s'appelait Daisy avant de nous draguer gentiment. Elle avait un gros potentiel – à mon avis, on peut s'attendre à la voir débarquer chez Hugh Hefner d'ici peu.

Un des Anges – une fille blonde et incroyablement musclée – s'est précipité vers la borne pour jouer à Street Fighter 2, qui venait enfin d'être branchée. J'ai commencé à flipper quand j'ai réalisé que ce serait probablement elle que Corey enverrait pour me foutre une rouste s'il avait découvert que je bossais pour VICE.

Tout ce que je voulais, c'était discuter un peu avec Corey et qu'il me dédicace sa biographie. Je me suis dit qu'il saluerait mon initiative si je m'efforcais de parler avec les autres convives.

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Que dalle. Corey s'est enfermé dans une cabane avec ses Anges préférés, et son assistant était chargé de faire des allers-retours au bar pour lui apporter des boissons. Il est quand même sorti pour tirer sur sa cigarette électronique et prendre des photos « officielles » avec les filles.

Au moment où la fête battait son plein (à ce stade, il y avait une vingtaine d'invités), un hélicoptère s'est mis à survoler la résidence, éclairant la cour d'un gigantesque spot de lumière. Certains des Anges semblaient persuadés que TMZ était derrière tout ça. Une fille a remué sa poitrine vers l'hélicoptère, en hurlant à Corey : « C'est là que tu réalises que tu as vraiment du succès ! » Dès qu'il a aperçu les flics, Corey est parti se cacher quelque part.

Peu de temps après, un policier s'est approché de la maison et a demandé aux organisateurs de couper la musique. Il faut savoir que le manoir de Feldman se trouve dans un quartier paisible de Los Angeles, Encino – une zone où résident des retraités peu habitués des fêtes hollywoodiennes. Les organisateurs ont coupé la musique et nous ont renvoyé dans la salle de jeu, qui était suffisamment grande pour accueillir les derniers fêtards. Corey n'est jamais revenu.

Cette fête s'est avérée aussi décevante que Gremlins 2. Le lendemain, j'ai envoyé un mail à l'assistant de Corey pour réclamer un remboursement. J'attends encore sa réponse.

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