FYI.

This story is over 5 years old.

Stuff

La « Ultimate Women's Expo » m'a permis de comprendre pourquoi les hommes dirigeaient toujours le monde

Tout ça c'est à cause de vos conneries, les meufs.

Une femme, c'est une toile blanche ; insistons sur le blanc. Son visage, dans son état le plus calme et tranquille,est voué à la destruction du temps. Son corps, avec sa tendance à amasser ce que les professionnels du corps médical appellent « du bide », est une merveille d’inélégance. L'amour qu'elle porte au chocolat n'est comparable qu'à celui qu'elle porte à son enfant (ou, si elle est suffisamment malchanceuse pour que son utérus s’avère inopérant, au chien qu'elle a acheté à un éleveur sur leboncoin). Son esprit est un nuage de confusion ; elle ne sait ni ce qu'elle fait, ni qui elle est. Elle a un travail, mais elle désire une carrière. Ah oui, mais quelle genre de carrière veut-elle ? Elle est incapable de répondre. C’est une crise existentielle sur pattes, emportée dans le courant d'un océan dénué de sens dans lequel elle finira toujours par se noyer. Elle est cryptée. Le mâle Créateur l’a placé sur cette Terre pour qu’elle achète des produits et des services. Et pour faire tout ça, quel meilleur endroit que… l'ULTIMATE WOMEN’S EXPO ?!?

Publicité

Il me faut vous l’avouer d’entrée de jeu, je suis une femme. (Si cette révélation bouleversante vous blesse, vous êtes libre d'arrêter de lire ça et de vous purifier le palais avec une nouvelle d'Hemingway, ou huit ; je comprendrais.) Mais je ne suis pas une femme ordinaire, je suis une femme qui était, il y a quelques jours à peine, suffisamment #privilégiée pour assister à l'Ultimate Women’s Expo. Voici mon histoire. [Note : cette histoire a été éditée par un homme.]

L'Ultimate Women’s Expo met littéralement les femmes en boîte.

Je suis arrivée au Los Angeles Convention Center à 10 heures du matin un samedi, une heure moralement contestable pour un salon qui me semblait l’être tout autant.

Naturellement, j’ai fait un premier arrêt au stand de dégustation d’un alcool arôme barbe à papa. L'équivalent d'un dé à coudre de liqueur, « subtile fusion d'une vodka premium française et d’un parfum naturel de barbe à papa au pour [mon] plaisir », m'a été tendu par une femme bien trop enthousiaste, le genre de mères au foyer en surdose d’antidépresseurs depuis bien trop longtemps.

Le produit que j’ai ingéré avait un goût abominable. J'avais besoin d’évacuer ce parfum néfaste de ma bouche, immédiatement. Par chance, le stand voisin offrait des shots de vodka gratuits, sans additifs, dans des petits gobelets en plastique. J'en ai descendu un ; la journée allait être longue.

Une femme sans-abri était venue avec toutes ses affaires, soit : un déambulateur, deux cannes et un sac isotherme KFC. Elle s’est installée au bar et s’est mise à ingérer shot sur shot. J'ai admiré son swag, autant que son blouson des Lakers.

Publicité

La femme seule sur un coin de la scène, dont la brochure m'indiquait qu'elle était connue sous le nom de « Dr Lori », martelait dans le vide que le mercure contenu dans les plombs dentaires nous rendait tous malades. Son discours, bien que passionné, n’atteignait personne. Son public, si on peut appeler ça comme ça, était composé de deux préados abandonnés qui mangeaient des hamburgers en lui tournant le dos. Au loin était en train de se former une file d’attente pour une manucure gratuite. Dr Lori, bénie soit-elle, n'était pas dans son élément.

Les autres séminaires, avec des intitulés comme « Comment se sentir bien toute nue en 26 jours » et « Retire tes pattes de mon sac ! Je ne te donnerai pas d’argent » m’ont paru plus opportuns, vu l’ambiance. Je me suis imaginé le Dr Lori assise dans sa voiture à l’arrêt, seule face à sa volant, au bout de la journée, se demandant ce qui avait cloché. En femme typique, j’ai eu envie de lui faire un câlin.

Les stands foisonnaient, et beaucoup d'entre eux prétendaient donner plus de pouvoir aux femmes en les incitant à monter leur « petite affaire », aussi longtemps que ladite « petite affaire » consiste à essayer de refourguer à ses amies des tubes de lubrifiant et des gadgets débiles telle cette « chose enrobante incroyable ! », en fait une sorte d’engin-ceinture censé « raffermir et tonifier en moins de 45 minutes » et, selon des sources fiables, « utilisé sur le tournage de Sex and the City 2 ! »

Publicité

Tentée par une sirène m’avertissant que je pouvais faire tourner une roue pour gagner des cartes cadeau Best Buy gratuites, j’ai fait l’erreur de m’aventurer sur le stand d’un homme à l’air effrayé, probablement dépressif, qui gérait un site Internet où il était question d’acheter en ligne et de toucher du cash. Il essayait de donner une légitimité à son projet fou en se déclarant affilié au « numéro cinq de Microsoft ».

J'ai pris un de ses 100 mini-mars gratuits et je ne me suis pas retournée.

Y’avait pas mal de stands de fitness pole-dance. Oui, du fitness pole-dance. Le plus déprimant de tous était sans conteste celui-là : une mère tenait la main de son adorable petite fille aux oreilles de souris, qui ne devait pas avoir plus de 7 ans et se retrouvait obligée de fixer une femme d’âge moyen remuant de la vulve autour d’une barre en fer.

Un autre stand mettait en vente un livre conçu pour aider les diablesses blanches à communiquer avec leur aide-ménagère non-anglophone. Bonne à traduire : de l'anglais à l'espagnol, les tâches ménagères traduites visait à « dépasser les barrières de la communication entre [moi] et [ma] bonne. »

Parmi les principaux orateurs, la sœur d'Hilary Duff, Dr. Oz, les filles de Mohamed Ali, l'ancien avocat de Kim Kardashian et la meuf qui jouait « Hot Lips » Houlihan dans M*A*S*H.

Je me sentais trompée ; les Ultimate Women's Expo précédentes comptaient, parmi leurs oratrices, des gros bonnets de la ménagère de moins de 50 ans, parmi lesquelles la présentatrice télé Meghan McCain, Kirstie Alley, et « Hanoi » Jane Fonda. Là, je n’avais le droit qu’au fond du panier, des auteures publiées, certes, mais qui avaient écrit des livres sur la femme qu’elles étaient, la maternité ou leur enfance. Quant à leur discours, c’était toujours le même : un brouillon sans queue ni tête, un bourdonnement dénué de sens.

Publicité

Il y avait plus de femmes qui faisaient la queue pour du vin au chocolat que de femmes qui prêtaient attention à Joan Van Ark ; ladite Joan Van Ark, avec l'aisance et la dignité de quelqu'un qui s'adresse à la Cour suprême, lisait des lignes maintes fois réécrites, concernant son « mari, l'ancienne star de NBC News, John Marshall » et la « soul food ». J'ai interprété l’apathie de la foule comme une petite victoire pour elle.

Mon acné d'adulte, qui m'a permis de rester jeune dans l'âme, me coûte également des fortunes en maquillage. À chaque fois que je commets l'erreur de rester naturelle, je suis généralement aussi bien traitée par les serveurs, vendeurs et commerçants que je sollicite qu'un clodo qui vient de se chier dessus dans le bus.

Ce matin-là, j’étais arrivée à l'expo sans maquillage. Je ressemblais à une énorme pore suintante. Avec la présence de douzaine de stands de transformation et de maquillage, je me suis dit que j’allais tenter l’expérience et ai patiemment fait la queue au stand de l’Empowerment Boost® pour qu'on m'arrange la face.

Une jeune femme avec un tatouage absurde sur la clavicule m'a demandé quelle teinte de rouge à lèvres je préférais pour mes lèvres. J'ai répondu en soupirant : « Je ne sais pas. » « Noir, j'imagine ? » Elle a travaillé pendant des heures sur mon horrible visage, dessinant sur mes sourcils et mes lèvres comme une artiste fermement décidée à atteindre la perfection. J'ai fermé mes yeux et écouté la cacophonie de l'expo : des démonstrations de Taser bourdonnaient au fond, des applaudissements timides et le ding typique des caisses enregistreuses.

Publicité

Voilà à quoi je ressemblais après.

Un homme au mégaphone a crié à la foule : « Qui veut du gloss gratuit ? » Son public a littéralement hurlé d'envie. J'étais entourée par des femmes qu'on méprisait, qu'on traitait avec condescendance, qu'on infantilisait, et qui avaient l'air d'adorer ça.

Notre ennemi est intérieur, les meufs. Tout ça, c'est à cause de nos conneries.

Plus de mauvais goût :

IL Y A UNE FASHION WEEK À LOS ANGELES (MAIS JE ME DEMANDE BIEN POURQUOI)

LE PROBLÈME DU TATOUAGE DRAKE

UNE DÉGUSTATION DE LUBRIFIANTS