Sucer des chattes tue

Photo : Joella Marano

Je laisse souvent échapper des trucs. Quand je m’écoute parler, je me retrouve à sous-entendre que je fais 100 pompes claquées par jour, que mon film préféré est un « truc d’auteur roumain, assez vieux » et que « je lis des bouquins parce que j’adore ça ». Je suppose qu’on pourrait me considérer comme un mythomane absolument inconscient de sa pathologie. C’est pour cela que quand j’ai découvert dans la presse que Michael Douglas, la star de Ma vie avec Liberace et du film sorti juste avant Basic Instinct 2, affirmait que c’est l’abus de sexe oral qui lui avait refilé le cancer de la gorge, j’avais enfin une célébrité à admirer. Malheureusement, depuis, il est quelque peu revenu sur ses déclarations.

Comme vous le constaterez dans l’extrait de conversation retranscrit ci-dessous, Michael Douglas a sous-entendu, voire carrément admis, qu’il avait chopé le cancer parce qu’il adorait lécher des chattes. Ouais, Michael Douglas a décidé de parler au monde entier de son intérêt pour les rapports bucco-vulvaux. Voilà exactement ce qui s’est passé :

      Xan Brooks : Vous avez l’impression d’avoir trop forcé ? Avec la drogue, la cigarette, l’alcool ?

      Michael Douglas : Non. Non. Euh, sans vouloir rentrer dans les détails, le cancer que j’ai eu est déclenché par un virus nommé VPH, qui s’attrape en faisant des cunnilingus.

Je sais ce qu’est le fait de se montrer réservé, et cette déclaration est à peu près aussi réservée qu’un chien qui essaie de baiser votre jambe. Mais, au lieu de s’en tenir à ça, Michael Douglas a par la suite fait la déclaration suivante :

« On voudrait tous savoir d’où vient notre cancer. J’ai juste essayé, en face d’un reporter, de faire une déclaration de santé publique sur le VPH, un virus qui peut créer des cancers de la bouche et de la gorge, et un des rares cancers qu’on peut contrôler, pour lesquels les gamins peuvent se faire vacciner. C’était ça, ma tentative. »

Laisse-moi te dire, Michael, que ta tentative était toute pourrie. Désolé de te l’annoncer comme ça. Mais le monde entier a pensé que t’étais juste en train de te vanter de bouffer de la chatte le matin au petit déj.

Et étrangement, après cette « clarification », je suis encore un peu paumé. Je sais pas si c’est son agent qui lui a dit que cet aveu était embarrassant, ou s’il a réalisé que se vanter d’avoir sucé des tonnes d’abricots juteux l’avait presque tué était un truc qu’il ne devait dire qu’à des dîners entre amis. Quoi qu’il en soit, il a fait de ce qui aurait pu être une des plus belles déclarations de stars du XXe siècle en une « déclaration erronée » pour lequel il a dû s’excuser.

J'espère que tu es heureuse, Catherine Zeta-Jones (photo : David_Shankbone).

Michael s’est fait prendre en flagrant délit de vantardise, ce à quoi je peux m’identifier. Je sais reconnaître un gros pipeau quand j’en vois un. Le premier signe qui permet de discerner un gros vantard, c’est qu’il essaie toujours de paraître humble, de faire preuve de maladresse. Le préambule un peu hésitant, genre : « Non, non. Euh, sans vouloir rentrer dans les détails », veut en fait dire : « Hé, j’ai un peu honte de ce que je vais vous avouer, mais je sais aussi que je suis putain de cool. »

Par exemple, si je disais : « Non, non. Euh, sans vouloir rentrer dans les détails, je connais l’un des Backstreet Boys, le plus beau, d’ailleurs », alors il vous faut comprendre que j’ai plein de connections. OK, Michael Douglas a jeté le gant à l’intégralité des hétérosexuels mâles de la planète, mais pourquoi avoir retiré ce qu’il a dit ? Surtout quand toutes les preuves tendent à montrer que ce qu’il a dit était plus que probablement vrai ? Pourquoi retirer cette déclaration quand le Guardian a la preuve audio qu’ils n’ont pas cité ce truc hors contexte ? C’est la première règle du gros vantard : ne jamais, jamais regretter.

La carrière de Michael Douglas n’allait pas s’arrêter brusquement parce que les gens se mettraient à penser qu’il a dû faire une chimio à force de brouter des minous. En fait, ça l’aurait même rendu plus populaire. Les études montrent vraiment que le papillomavirus peut causer le cancer, tant de la gorge que (hum) de l’anus. C’est un truc rare à réussir, en deux temps : « J’ai le cancer – ooooooooh, le pauvre ! – parce que j’ai léché les plus belles chattes qu’Hollywood a à offrir – badass ! »

J’espère juste que vous avez tous retenu la leçon. En faire trop sur à quel point vous êtes cool est tout à fait OK, aussi longtemps que vous collez à votre version des faits. Si vous n’arrivez pas à vous décider sur votre degré de grandeur, alors vous méritez de mourir étouffé par une touffe de poils pubiens.

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