Torbjørn Rødland continue de bosser en dormant

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Torbjørn Rødland continue de bosser en dormant

Ce photographe s'inspire de ses rêves pour en faire des clichés d'enfants en cage et de femmes nues en scooter.

​Torbjørn Rødland est un mec bizarre – mais bizarre dans le bon sens du terme. Ses clichés subvertissent notre culture visuelle, en font une boule de n'importe quoi et la jettent dans une benne à ordures. Ce qui peut paraître beau au premier coup d'œil, ou tristement banal, s'avère soudain grotesque et étrange. C'est cet effet de surprise que nous affectionnons particulièrement chez ce photographe. Son tout nouveau livre, Vanilla Partner, vient d'être remis en vente par MACK. Nous l'avons rencontré pour lui parler de son génie.

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VICE : En feuilletant ton livre, j'ai pas arrêté de me demander : « Mais d'où lui viennent ces idées ? » Pour certaines photos, je me suis dit que tu avais vu ça en rêve et que tu avais essayé de le reconstituer. Comment tu t'y prends, en réalité ?
Torbjørn Rødland : En effet, certaines de ces photos sont tirées de rêves, c'est le fruit de mon inconscient. Parfois en dormant, j'assiste à des expositions d'autres artistes et si je tombe sur un truc vraiment bon, je me réveille très excité et je me demande : « Est ce que ça a déjà été fait ? Non ? Alors je vais le faire ! » Je me suis rendu compte qu'il m'était possible de pénétrer dans mon subconscient et d'en tirer des idées sans pour autant avoir à dormir ou prendre des psychotropes. Mon imagination peut être stimulée par un objet quelconque, un .jpeg sur un blog ukrainien… J'improvise toujours quand je commence à travailler sur quelque chose, mais le but initial doit être préservé pour que le résultat soit intéressant.

Ce que j'adore, c'est la manière dont tu t'empares de notre langage visuel pour mieux le subvertir. Est-ce que tu penses à la confusion que tu vas créer dans la tête du spectateur quand tu travailles ?
Oui, j'aspire à ce que le livre soit surprenant. L'époque où la photo devait se fonder sur une idée ou une conviction forte pour avoir du poids est révolue. En somme, je pense que les spectateurs sont de plus en plus sophistiqués. La photo n'est plus une nouvelle forme d'art.

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Tu as l'air de t'intéresser beaucoup à la dynamique du pouvoir – des gens ligotés, retenus par des mains étrangères, qui se font dessiner dessus ou enfermer dans des cages.
En effet, ce sont des mises en scène récurrentes dans mon travail, et le livre est organisé de manière à mettre cela en valeur. Je trouve particulièrement compliqué de rendre intéressant deux individus en parfaite harmonie, alors je me permets d'insérer dans mes clichés une forme d'inégalité, un conflit potentiel, pour donner de la vie et du mouvement à une image fixe. Je veux créer des images « saisissantes ».

Ah, tout s'explique. J'ai cru déceler quelques références historiques et politiques dans ton livre. Qu'est-ce que ça vient faire là ?
Ça élargit la thématique du pouvoir. Notre capacité à accepter, à prendre en compte la réalité est limitée, et on s'en rend bien compte en politique américaine. En 2004, j'ai réalisé des natures mortes à partir des objets fétiches de George W. Bush. Vanilla Partner porte la trace de ma fascination pour le mythe Reagan. Anne Frank y trouve aussi sa place. Grâce à Kitty, son journal intime, Anne Frank est devenue un personnage emblématique de notre culture en termes de tragédie et de sacrifice.

C'est ton cinquième livre. Tu vois une évolution depuis ton premier livre ?
Oh, j'en sais trop rien encore. Mon boulot est plutôt circulaire. Par exemple, l'absence de paysages dans ce livre n'implique pas forcément un manque d'intérêt pour les paysages. C'est juste que ça ne collait pas avec ce livre-là. Peut-être que l'exposition multiple et les corps tordus de Vanilla Partner attestent de mon besoin de pousser le médium toujours plus loin, pour continuer à y voir un intérêt.

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Et après ?
Pour le moment, je fais beaucoup d'expositions multiples en couleur, sur ma terrasse de Laurel Canyon. Je choisis aussi des travaux à développer pour les exposer dans une galerie au Danemark. On y trouvera pas mal d'œuvres en rapport avec Reagan, d'ailleurs.

Plus de travaux de Torbjørn ici, et bien sûr, jetez un coup d'œil à son ​livre aussi

© Torbjørn Rødland, avec l'aimable autorisation de MACK / www.mackbooks.co.uk

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© Torbjørn Rødland, avec l'aimable autorisation de MACK / www.mackbooks.co.uk

© Torbjørn Rødland, avec l'aimable autorisation de MACK / www.mackbooks.co.uk

© Torbjørn Rødland, avec l'aimable autorisation de MACK / www.mackbooks.co.uk

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© Torbjørn Rødland, avec l'aimable autorisation de MACK / www.mackbooks.co.uk