Je ne suis pas quelqu'un de nostalgique. J'aime le passé comme tout le monde, parce que c'est rassurant. On le connaît, lui, et on n'en a retenu que le meilleur. Les films, les photos, les fringues. Tout un package en noir et blanc, en sépia ou en Technicolor qui habillent des souvenirs qu'on n'a pas vraiment. Pour tout vous dire, je trouve ça un peu vain, mais si je devais me laisser aller et choisir un seul truc qui me manque vraiment alors que je ne l'ai pas connu, je crois que je choisirais les bagnoles.
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Des énormes monstres de consommation aux calandres acérées comme des rasoirs. Des courbes et des angles affirmés et jamais gommés par la moindre norme européenne. À l'intérieur, du confort inutile et une odeur d'huile et de cigarette. Non, vraiment. Si l'échec du progrès devait se mesurer, elle prendrait la forme d'une Prius.
Malheureusement, d'incroyables voitures, il n'en reste plus beaucoup sur les routes, surtout en France. Aussi, la meilleure façon aujourd'hui de retrouver ces engins de mort, c'est d'ouvrir le bouquin Cars. New York City. 1974-1976 de Langdon Clay. Le titre contient peu ou prou tout ce qu'il faut retenir de l'histoire. Pendant deux ans, le jeune photographe d'alors 25 ans a quadrillé les quartiers de NYC et du New Jersey à pied, armé de son Leica et de pellicules Kodachrome connues pour leur extrême saturation. On retrouve dans ses photos une Amérique assez éloignée de celle d'aujourd'hui. Celle dans laquelle la Rust Belt s'appelait encore simplement la Manufacturing Belt.Des Ford, des Cadillac, des Buick, des Chevrolet et des Pontiac. La nuit. Sous la neige, la pluie ou la simple lumière d'un lampadaire mêlée à celle d'un néon. Mais voyez plutôt :
Le livre Cars. New York City. 1974-1976 de Langdon Clay est disponible aux éditions Steidl. Les travaux de Langdon sont à suivre aujourd'hui sur son site.