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Brian Lew : Ah, ah, ouais, c’était en octobre 1982, lors du deuxième concert de Metallica à San Francisco. C’est moi, Dave, Lars et Ron McGovney, le premier bassiste du groupe. On est tous mineurs sur cette photo – Mustaine avait peut-être quoi, 21 ans ? On était tous super contents d’avoir pu acheter de la bière en tout cas. Le club aurait sans doute pu nous virer, mais ils ne l’ont pas fait. Il n’y avait pas autant de lois à l’époque. Les mecs m’ont dédicacé « Metal Militia », cette nuit-là.
Metallica joue le morceau « Metal Militia » pour les 19 ans de Brian, le 18 octobre 1982.Comment avez-vous atterri dans la scène thrash de San Francisco ?
J’ai grandi à 50 minutes au sud de San Francisco. Tous les week-ends, je venais dans le centre pour aller chez Record Vault, le disquaire heavy metal de la ville. Cette boutique était l’épicentre de la scène thrash underground. C’est là que j’ai rencontré plein de gens de mon âge, qui venaient juste d’avoir leur bac. Tout ça n’était encore qu’un délire de lycéens. Internet n’existait évidemment pas, du coup je lisais beaucoup de mags, typeSounds et Kerrang!, Après la fermeture de Sounds, Kerrang! a lancé une page pour faire des échanges par correspondance. Il fallait juste donner ton nom et ton âge, et tu avais la possibilité de rencontrer des gens, d’échanger des disques avec eux, ce genre de trucs. J’ai commencé à le faire, et j’ai fini par recevoir des lettres d’Allemagne, de Belgique, de Hollande, d’Angleterre, de France – ça m’a totalement tué. C’est comme ça que j’ai rencontré Ron Quintana, le mec qui a trouvé le nom Metallica.
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Tout le monde se connaissait et était plus ou moins pote dans le milieu. Même quand Metallica a commencé à être connu, ils étaient toujours cool avec nous, les gens du monde pré-internet qui passaient leur temps à s’envoyer des lettres. À cette période, la baie de San Francisco comptait en tout et pour tout 20 mecs vraiment à fond dans la scène metal ; quand on se rencontrait, on devenait potes très rapidement parce qu’on était sûrs d’avoir les mêmes goûts.Quand j’ai rencontré Lars Ulrich, j’ai eu l’impression qu’on faisait partie de la même famille depuis toujours. On connaissait tous les deux la scène metal underground sur le bout des doigts, et tous les groupes anglais. Metallica venait de Los Angeles, et quand ils sont venus à San Francisco pour la première fois, ils ont joué un morceau de Diamond Head sans annoncer que c’était une reprise. Je me suis dit « Putain, ces mecs connaissent Diamond Head ! », puis j’ai immédiatement sympathisé avec eux.Trop bien. Dans votre introduction, vous abordez brièvement le fait de vieillir, et la manière dont vous vous êtes peu à peu éloigné du « metal path ». En quoi consistait cette voie metal ?
Eh bien, ça n’était pas vraiment une « voie » à proprement parler. On était juste des geeks, des kids qui fantasmaient sur la magie noire, la science-fiction, Star Wars et tout ça. Le metal m’a donné une identité. J’ai grandi en banlieue, où j’avais des potes et tout, mais le metal était vraiment un truc dans lequel je me sentais seul. La musique m’a permis de me construire, et aussi de rencontrer des gens qui aimaient les mêmes choses, sauf qu’eux jouaient dans des groupes. Ça a changé ma vie. Ça n’était pas seulement une voie, c’était grandir.
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Lorsque je travaillais sur le bouquin, je me suis rendu compte du lien évident qu’entretiennent metal et punk. Je me suis un petit peu mis au punk par la suite, mais je n’ai jamais essayé d’en être un ; tu vois, les punks parlaient de la vraie vie et d’à quel point c’était la merde… Je ne voulais pas ça. Le metal m’offrait une échappatoire. En revanche, quand un groupe comme Venom chantait des trucs sur le fait de sacrifier des bébés à la gloire de Satan, ça m’attirait – pas parce que je voulais tuer des gosses, mais parce que ça renvoyait à une mythologie qui me fascinait – la Grèce antique, la science-fiction, tous ces trucs. Iron Maiden faisait également des morceaux sur ces thèmes, et je me suis construit une identité avec ça.
Non, jamais je n’aurais pu deviner, on n’était encore que des kids – les mecs des groupes, les fans, tout le monde était mineur à ce moment-là. Je crois que c’est un truc dur à comprendre. Quand les gens voient les photos, surtout celles du Day in the Dirt de 1984 avec Exodus et Slayer, ils les considèrent comme des documentaires sur un moment crucial de la musique. Mais on était juste des gosses, et parmi nous, certains jouaient dans des groupes – c’est tout. Puis, pas longtemps après, j’ai commencé à entendre Metallica à la radio. Ça fait 30 ans aujourd’hui, et c’est toujours incroyablement dur pour moi de réaliser tout ce que ces groupes ont accompli.
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