« Ce livre, travail d'un scientifique très respecté, contient des éléments qui n’ont jamais été vus par quiconque en Occident. » - Richard Freeman, directeur du CFZ
Ces récits de voyages autour du monde font état de créatures à la tête hirsute, couvertes de fourrure et dotées de « longues mamelles », qui rôdent dans les montagnes du Pamir, et d’hommes sauvages du Kirghizistan qui, il y a longtemps, marchaient sur deux jambes comme les humains mais qui avaient des pieds deux fois plus grands, comme des pagaies. D’étranges hominidés habiteraient des grottes, des montagnes et des ruisseaux dans le district de Faizobod, au Tadjikistan. Ailleurs, à Urgut, en Ouzbékistan, les créatures s’asseyaient pendant des heures sur des monticules de terre, laissant derrière elles de profondes empreintes de leurs fesses.D’autres affirment que ces créatures mesuraient deux mètres de haut, qu’elles étaient couvertes de poils roux, qu’elles vivaient en petits groupes et qu’elles ne se déplaçaient jamais très loin. Un chercheur du Jardin botanique du Pamir, a quant à lui affirmé que la Révolution russe de 1917 pourrait avoir mis un terme à leur existence : « Avant la Révolution, il y avait des hommes sauvages, et maintenant il n’y en a plus », aurait confié un chercheur à Porshnev. Porshnev a découvert de nombreux témoignages de ce type, mais n’a jamais réussi à obtenir de preuves matérielles.« Avant la Révolution russe de 1917, il y avait des hommes sauvages, et maintenant il n’y en a plus » - un chercheur anonyme.
Alexander Porshenko, chef du Centre d'anthropologie religieuse de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg, a déclaré à Motherboard que certains membres de la communauté scientifique soviétique n’ont pas apprécié ces recherches. Même les premiers compagnons de voyage de l’expédition, comme la folkloriste Anna Z. Rozenfeld, ont tourné le dos à Porshneven et déclaré : « les histoires de “bonhommes de neige” vivant dans les Pamirs n’ont aucun fondement dans la réalité ». D’autres géographes soviétiques spécialisés dans l’Asie centrale ont catégoriquement balayé d’un revers de main tous les rapports faisant état d’hommes sauvages dans la région. Plus tard, en 1969, un groupe de zoologistes et de biologistes soviétiques a qualifié l’étude de Porshnev de « pseudo-scientifique ».**Malgré ces réactions hostiles, l’Union soviétique « a prouvé qu'elle était disposée à mettre ses institutions traditionnelles à contribution pour enquêter sur des phénomènes étranges », explique Andy Bruno, professeur en histoire et en études environnementales à la Northern Illinois University.À l’instar de l’explosion de la Tunguska en 1908, dont certains pensaient qu’elle était due au crash d’un ovni à propulsion nucléaire, l’Académie des sciences s’est parfois montrée prête à faire équipe avec des chercheurs bénévoles pour enquêter sur des phénomènes mystiques ou ésotériques. Si l’Union soviétique s’est efforcée de développer la culture scientifique, les efforts déployés à cette fin, selon Bruno, ont souvent contribué à encourager davantage l’intérêt pour le paranormal.« Les histoires de “bonhommes de neige” vivant dans les Pamirs n’ont aucun fondement dans la réalité » - Anna Z. Rozenfeld, folkloriste.
« Quelques secondes plus tard, quelque chose a marché le long de la véranda, et quoi que ce soit, il marchait sur deux jambes car en passant devant la porte, qui était légèrement entrouverte, il a bloqué le clair de lune et la lumière des étoiles sur une hauteur d'au moins deux mètres », a raconté Freeman. « On a attrapé nos appareils photo et on s’est précipité dehors, mais la chose avait disparu dans la nuit. On a fait le tour de la ferme mais on n’a rien trouvé. »« C’est la dernière fois que j'ai été aussi près de l’apercevoir », se lamente Freeman. « Le piège à caméra s’est déclenché mais tout ce qu’on a obtenu, c’est de la végétation en mouvement. »Malgré son manque de découvertes matérielles, Freeman croit en l’existence de ces créatures. Il note que la théorie de Porshnev sur les Néandertaliens survivants est dépassée - ils étaient plutôt petits, contrairement aux grands Almasty - et les rapports qu’il a entendus suggèrent l’utilisation d’outils primitifs. Après tout, ajoute Freeman, il existe plus de vestiges mystérieux d’hominidés qu'on ne le pense, comme les habitants de la grotte de Red Deer, dans le nord de la Chine, dont l’existence a intrigué les scientifiques.« Le piège à caméra s’est déclenché mais tout ce qu’on a obtenu, c’est de la végétation en mouvement. C’est la dernière fois que j'ai été aussi près de l’apercevoir » - Richard Freeman, directeur du CFZ
« Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas fait de découvertes spectaculaires au cours du siècle dernier », a ajouté Roberts. « Mais nous avons tendance à découvrir les grandes espèces parce qu’elles sont plus faciles à repérer - et qu’il est compliqué pour elles de se cacher. Nous avons également tendance à faire des découvertes plutôt dans les latitudes septentrionales que dans les latitudes méridionales, car c’est là qu’étaient basés un grand nombre de taxinomistes scientifiques. »« Il est donc très improbable de tomber sur de grands hominidés errant aux États-Unis ou même dans le Caucase. »Qu’elles soient fondées ou non, les histoires persistent, et Freeman est loin d’être le seul à y croire : de nombreux amateurs de yétis insistent sur le fait que la Sibérie abrite d’étranges entités cryptozoologiques qui arpentent les toundras. Parmi eux : Vladimir Poutine, qui affirme avoir un jour aperçu une famille entière de Yétis.Nullement découragé, Freeman prévoit de poursuivre sa traque, avec l’espoir de retourner au Tadjikistan un jour. Quant à savoir pourquoi, malgré des recherches approfondies, aucun Almasty, Yéti ou Bigfoot n’a encore été découvert, Freeman explique que ces créatures savent très bien comment se faire discrètes, peut-être parce que leur survie en dépend. S’il est un lieu où leur existence ne fait aucun doute, c’est bien dans les esprits. Car, qu’elles soient réelles ou non, vivantes ou éteintes, ou simplement métaphysiques, ces créatures qui foulent la neige et arpentent les montagnes, aux confins de la civilisation, ne cessent de nous fasciner.VICE France est sur TikTok, Twitter, Insta, Facebook et Flipboard.« Nous avons tendance à découvrir les grandes espèces parce qu’elles sont plus faciles à repérer (et qu’il est compliqué pour elles de se cacher) » - Dr David L. Roberts, spécialiste des espèces disparues
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