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LE NUMÉRO DU TALION

Un jeune Druze contre 
toute l’armée israélienne

Tout Israélien, quel qu’il soit, doit servir l’armée israélienne au moins une fois dans sa vie – sauf les citoyens palestiniens et les juifs ultraorthodoxes.

Photo : iStockphoto/rrodrickbeiler.

Tout Israélien, quel qu’il soit, doit servir l’armée israélienne au moins une fois dans sa vie – sauf les citoyens palestiniens et les juifs ultraorthodoxes. C’est aussi le cas des 125 000 ressortissants druzes du pays : les jeunes musulmans de cette ethnie de langue arabe, basée dans le nord du territoire, doivent servir le pays. En octobre, un Druze de 17 ans originaire de Galilée, Omar Saad, a pris position contre le service militaire obligatoire en refusant de se présenter au centre de recrutement pour un examen médical. Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, il a écrit : « Beaucoup de Druzes ont servi l’armée israélienne… Mais qu’est-ce qu’on a eu en retour ? Nous sommes discriminés à tous les niveaux. Nos villages sont les plus pauvres, nos terres ont été confisquées, nous n'avons pas d'avenir… » Omar n’a pas reculé dans les mois qui ont suivi la publication de sa lettre. Son diplôme approchant, j’ai eu envie de l’appeler pour savoir comment les choses avaient évolué. VICE : Salut Omar. Ta lettre a eu les effets escomptés ?
Omar Saad : J’ai reçu trois convocations à des examens médicaux pour qu’ils puissent m’enrôler. Dans la dernière lettre, ils me disaient que si je n’allais pas au rendez-vous, un agent de police m’arrêterait et m’amènerait de force à la gare pour me faire passer l’examen. Ce genre de message n’est normalement pas envoyé à quelqu’un qui n’a pas reçu d’ordre d’enrôlement. Et je n’en ai pas reçu, puisque je n’ai pas encore 18 ans. Pourquoi refuses-tu de rejoindre l’armée israélienne ?
Je suis palestinien et je refuse de me battre contre mon propre peuple. C’est contraire à la façon dont mes parents m’ont élevé. Il y a quelques années, mes frères et moi nous sommes juré de ne jamais servir dans l’armée. Mais l’année dernière, je me suis retrouvé face à la réalité quand j’ai reçu ma première lettre de convocation. Qu’est-ce que tu vas faire après l’obtention de ton diplôme ?
Je n’ai rien à faire. Je n’ai pas le droit de voyager. Je ne peux même pas aller à l’université. Je suis coincé ici, sur mes terres. Je pense que je vais passer un peu de temps en prison et, après la prison, j’aimerais continuer mes études de musique, peut-être à l’étranger. As-tu peur de la prison ?
Je suis nerveux. Tous les élèves de ma classe pensent continuer leur vie normalement, à l’université – ou songent à faire une année de césure. À Nazareth, où j’étudie, mes frères et moi sommes les seuls Druzes de notre école. Tout cela est débile. Parfois, je me dis : je vais aller en prison pour plusieurs mois. Merde, ce n’est pas la place d’un mec comme moi.