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Votre téléphone portable est une caméra de vidéosurveillance

Dans le chaos qui suit une attaque terroriste, on peut être sûr d’une chose : l’incident a été filmé par des centaines de caméras, appareils photo et téléphones portables.

Une démonstration de téléphones alignés pour capturer une vidéo. Photo : CoSync

Dans le chaos qui suit immédiatement une attaque terroriste, on peut être sûr d’au moins une chose : l’incident a été filmé par des dizaines, voire des centaines de caméras, appareils photos et téléphones portables. Lors de grands rassemblements publics tels que le marathon de Boston, des milliers d’yeux assistent à l’événement : caméras de surveillance, chaînes de télé et spectateurs équipés de gadgets. Tout ceci génère des milliers d’images de suspects potentiels.

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Après avoir eu accès à ces données – le FBI a demandé à toutes les personnes qui se trouvaient à proximité des attentats de leur fournir leurs photos et vidéos –, des enquêteurs ont analysé les images, sous tous les angles, dans le but de trouver un fil conducteur. Quelque part dans les images amateur et celles de vidéosurveillance (600 caméras de vidéosurveillance sont utilisées rien que pour le métro), le FBI est parvenu à isoler les deux hommes considérés comme les coupables : Tamerlan et Djokhar Tsarnaev. L’un d’eux est mort, l’autre récupère de ses blessures.

Comme les autorités l’ont découvert au cours d’une décennie d’attaques terroristes urbaines, fouiller dans ce qui représente des milliers d’heures de vidéo tournées dans les minutes qui entourent n’importe quel événement est un cauchemar logistique. Mais les choses pourraient changer avec CoSync, un logiciel en train d’être développé dans un laboratoire du MIT, non loin de l’endroit où l’un des suspects a tué un agent de police du campus jeudi soir.

Imaginez si vous pouviez coller toutes les images des attentats de Boston ensemble, pour former un seul récit chronologique. CoSync offre la possibilité de relier ensemble la vidéo et l’audio d’une multitude de téléphones portables et de fournir une image qui marche, en théorie, comme le bullet time 3D, afin de créer un panorama interactif de n’importe quel événement public. CoSync, qui devrait sortir en juin en tant que logiciel libre, permettra à d’autres développeurs d’utiliser à leur manière les technologies de réseau de CoSync.

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Une démonstration de CoSync

« Le but est de permettre aux utilisateurs de rassembler de manière dynamique du matériel et des logiciels et de les contrôler de manière opportuniste », explique Eyal Toledano, un étudiant qui fait son master au sein du Media Lab du MIT, qui a développé le logiciel. Eyal, qui a un jour reçu un « Prix de la Défense » en tant qu’officier militaire dans l’unité des Technologies de renseignement de l’armée israélienne, n’a pas conçu le logiciel pour des opérations de renseignement :assembler en temps réel des photos et des vidéos de fans à l’occasion de concerts ou d’événements sportifs constituait le projet de base. Mais il a vite compris que ce projet pourrait également servir de moyen de surveillance.

« Si une personne fait une vidéo et qu’elle se trouve à plusieurs mètres de ce qu’elle filme, le micro de l’appareil ne captera pas l’audio. Cette personne pourrait alors se servir des appareils d’autres personnes comme de micros synchronisés à distance », m’a-t-il appris. Dans le cas d’une enquête sur un acte terroriste, Toledano a expliqué qu’une technologie comme CoSync « permettrait de synchroniser directement des vidéos différentes par rapport à une heure donnée, pour ensuite reconstruire la scène ou juste réduire le besoin ou l’effort de montage, et ainsi transformer toutes ces vidéos en une seule version synchronisée. »

En développant un peu le projet, il est facile d’imaginer comment les données de géolocalisation pourraient aider à former une carte digitale à partir d’images, où l’utilisateur aurait la possibilité de se déplacer entre les lieux, les angles et les laps de temps, comme une version très intelligente et chronologique de Google Street View.Le logiciel de Toledano connecte les dispositifs entre eux grâce au Bluetooth ou au Wi-Fi, mais Toledano estime qu’il fonctionnerait aisément avec la 3G ou les réseaux de données LTE. « Avec le matériel de crowdsourcing, il est possible de créer des applications pour téléphones portables qui prennent d’autant plus de valeur que le nombre d’appareils connectés ensemble augmente, m’a-t-il expliqué. Les possibilités sont quasi-infinies. »

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Ça ne veut pas dire que les forces de l’ordre pourront simplement accéder au contenu d’un groupe de téléphones portables présents à proximité d’une attaque terroriste pour les forcer à crowdsourcer les informations. Mais techniquement, ce n’est pas impossible. Relier ensemble des vidéos et des données en un seul système est l’objectif de nombreux logiciels de surveillance actuellement en développement. Les technologies de surveillance à la Big Brother sont d’ores et déjà une priorité pour la ville de New York : plus tôt cette année, la police de New York et Microsoft ont annoncé la création d’un logiciel de lutte antiterroriste à 30 millions d’euros nommé Domain Awareness System (DAS), qui associe un système d’analyses en temps réel aux images de vidéosurveillance de la ville, dans le but d’identifier des menaces potentielles. Le logiciel devrait être disponible pour d’autres services de renseignement dès l’année prochaine.

En combinant le pouvoir des technologies de crowdsourcing telles que CoSync avec l’ubiquité croissante des technologies vidéo tels que Google Glass et les drônes de surveillance, il est facile d’imaginer qu’avec les bons outils, les enquêteurs pourraient exploiter d’énormes quantités de données visuelles pour révolutionner leur manière de résoudre les crimes, et ce en temps réel. Mais, tout comme le logiciel en lui-même, le débat sur l’impact qu’auront de tels outils sur la vie privée en est encore au stade du développement.

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